23 juil. 2010

Les Marchands de la cathédrale Saint Paul

Au sous-sol de la cathédrale Saint Paul, j'ai trouvé les toilettes les moins propres de Londres, un café et surtout une boutique de souvenirs. C'était là une bien meilleure raison de raviver mon vague christianisme que la menace présumée de quelques minarets suisses... J'imaginai alors quelque illuminé barbu chambouler toutes les tables, fouler du pied les étalages, chasser les marchands du temple et finir ceinturé par un bobby cordial le traitant d'islamiste... Rien de tel n'arriva, évidemment.

Au lieu de ça, ma femme et moi abordâmes les babioles improbables. De concert, nous nous moquâmes : qui donc pouvait acheter ces sachets de thé « Lady Di » ? ces lourds beaux-livres ? ces boîtes de chocolat « garde royal » hors de prix ? et ici — sous une cathédrale ! — cet album de photos d'artiste « porno chic » ? Décidément, chez ces Anglais, tout est permis ! Toujours le mauvais goût pour rire !

Dehors nous rejoignîmes les touristes photographes. Aucun n'avait bien entendu occupé la bonne place pour immortaliser ad nauseam la cathédrale : bien centrée, bien symétrique, bien lourdasse... Je m'y postai puis l'indiquai à un Néerlandais nerveux qui n'en pouvait plus de vouloir repousser le mur de l'immeuble sans parvenir au bon cadrage. « Here's the good spot », lui dis-je. Dubitatif mais poli, l'homme me remercia et coopéra, joignant bien qu'en plein soleil, ses flashs au crépitement général des voyeurs au taquet...

Au-dessus de leurs crânes et de leurs objectifs affairés, les caméras de vidéosurveillance restaient ignorées.